Pour aller plus loin ...

I. Les enfants : témoins mais aussi victimes des violences conjugales

En Belgique, une femme sur vingt a vécu des situations de violences conjugales très graves. 3,1 % à 11 % des mères en sont victimes pendant leur grossesse. Déjà in utero, ces violences ont des effets sur le développement de l’enfant.

On a longtemps considéré l’enfant comme un simple témoin des violences entre ses parents. Aujourd’hui, il est communément admis qu’il en est également victime, déjà in utero, et que ces violences ne sont pas sans effets sur son développement. C’est également ce qu’ont mis en lumière deux équipes de recherche : le CHU Saint-Pierre (Bruxelles)/l’équipe SOS enfants-ULB (Dr Brigitte Vanthournout, Dr Laurence Weets, Gwenaëlle de Menten, Dr Christine Gilles et Zoé Campus) et le Département de Médecine Générale (DMG) de l’ULB (Anne-Marie Offermans, Dr Nadine Kacenelenbogen, Dr Laurence De May et Dr Michel Roland).

Leurs travaux ont duré quatre ans, de 2012 à 2016. Les chercheurs du DMG de l’ULB ont procédé à une revue systématique de la littérature consacrée à cette problématique ; ils ont ensuite construit des outils de sensibilisation et d’accompagnement précoce des (futurs) parents. En parallèle, le CHU Saint-Pierre/l’équipe SOS enfants-ULB a mené une étude clinique longitudinale auprès de femmes enceintes et de leurs nouveau-nés, ainsi qu’auprès de familles d’enfants pris en charge par le service SOS enfants-ULB ; le but étant d’objectiver l’impact de ces violences sur le développement psychomoteur, affectif et cognitif des tout-petits.

Les outils de dépistage et de prévention élaborés visent les enfants exposés aux violences dans leur environnement familial depuis la période anténatale jusqu’à l’âge de 4 ans.

L’étude clinique

Cette étude a pour but d’objectiver et d’étudier l’impact des violences conjugales sur l’enfant de moins de 4 ans, plus spécifiquement sur son développement psychomoteur, affectif et cognitif.

Quel est l’impact des violences conjugales sur le tout jeune enfant ? Comment améliorer le dépistage des femmes victimes de violences conjugales, de même que la prise en charge médico-psychosociale de ces familles ? Et qu’entend-on aussi par « violences conjugales » ? « Notre expérience tend à montrer que bon nombre de femmes minimisent la situation. Nous avons associé à ce terme ce que les femmes appelaient des tensions conjugales », explique le Dr Brigitte Vanthournout. Pédopsychiatre, Chef de Clinique au CHU Saint-Pierre et Coordinatrice de l’équipe SOS enfants-ULB, qui a piloté cette étude.

Au CHU Saint-Pierre, rien de systématique n’était prévu pour approcher cette problématique. « Encore trop souvent, l’idée circulait parmi les professionnels que si l’enfant n’avait pas lui-même été battu ou agressé ou négligé, c’était plutôt une affaire d’adultes. C’est neuf de considérer que l’enfant est autant une victime qu’un témoin. Tout le monde sait que ce n’est pas bien que des parents se battent devant les enfants mais, dans la pratique, les interventions des professionnels restent extrêmement prudentes. Explorer cette thématique et l’objectiver nous paraissait important d’autant que très récemment aussi cette préoccupation a émergé au sein des équipes SOS enfants. »

1.     Les populations approchées

Les chercheurs se sont centrés sur deux populations : des femmes enceintes consultant le service de gynécologie du CHU dans le cadre d’un suivi de grossesse et des enfants de moins de 4 ans pris en charge par l’équipe SOS Enfants intégrée à l’hôpital ou nés des mères dépistées lors de l’étude. Ils ont noté une fréquence élevée de plusieurs formes de violences conjugales et l’importance de la violence physique. « La violence conjugale sexuelle est en revanche très peu déclarée, constate le Dr Vanthournout. La honte ressentie par les victimes d’agression sexuelle peut l’expliquer, tout comme l’ambivalence liée au fait que cette violence se déploie au sein du couple. Les femmes se disent que c’est normal. »

1.1.  Les mères

Le dépistage des femmes enceintes victimes de tensions et de violences conjugales a été réalisé principalement par les travailleurs médicosociaux (TMS) de l’ONE lors des consultations prénatales. Du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014, elles ont rencontré 2.153 femmes catégorisées en trois groupes.

  • I+ VC+ : les femmes interrogées lors de la consultation prénatale et qui ont déclaré être victimes de tensions et/ou violences conjugales (4,9%).
  • I+ VC- : les femmes interrogées lors de la consultation prénatale et qui ont déclaré ne pas être victimes de tensions et/ou violences conjugales (59,0%).
  • I- : les femmes qui n’ont pas pu être interrogées sur les violences conjugales en raison d’une barrière linguistique ou parce qu’elles étaient accompagnées (36,1%).

Une femme a été reprise deux fois, pour des grossesses successives, et trente autres ont été dépistées par le service des urgences, les services de maternité et lors des consultations de psychologie et de pédopsychiatrie. L’échantillon total de femmes victimes de tensions et de violences conjugales, pour lesquelles une analyse de données psychosociales spécifiques a été réalisée, s’élève donc à 137.

L’étude a mis en évidence une prévalence des violences conjugales de 7,7% parmi les femmes interrogées à la consultation prénatale, un taux relativement bas qu’explique la responsable du projet : « Toutes les femmes enceintes fréquentant la consultation n’ont pas été dépistées, notamment parce qu’elles étaient accompagnées ou en raison de la barrière linguistique. Or, il est possible que les femmes victimes de violences conjugales se présentent plus fréquemment en compagnie de leur conjoint ou d’une autre personne à la consultation. » La question de la langue a aussi été longuement débattue en début de recherche. « Fallait-il faire appel à un médiateur ? Lorsqu’une femme rencontre un interlocuteur de sa culture et qui parle sa langue, elle ne dit pas nécessairement plus facilement les choses », observe le Dr VanthournoutCes femmes qui n’ont pas été interrogées sur leur vécu potentiel de violences conjugales étaient globalement plus jeunes que la population dépistée et, le cas échant, de migration plus récente. « Ces patientes font également suivre leur grossesse plus tardivement, ce qui diminue la possibilité de se sentir en confiance avec l’intervenant médicosocial et d’en parler », poursuit le docteur.

1.2.  Les enfants

La population des enfants victimes de violences conjugales s’est constituée au départ des signalements d’enfants de moins de 4 ans victimes de maltraitance physique, sexuelle, psychologique ou de négligence justifiant l’intervention de l’équipe SOS Enfants-ULB sur la même période de un an, soit 66 enfants auxquels s’ajoutent 38 nouveau-nés de mères préalablement dépistées au CHU et suivies pour tensions et violences conjugales.

Ces 104 enfants ont été catégorisés en trois groupes :

  • MT- VC+ : les enfants victimes uniquement de violences conjugales (42,3%).
  • MT+ VC- : les enfants victimes uniquement de maltraitance (35,6%).
  • MT+ VC+ : les enfants victimes de violences conjugales et de maltraitance (22,1%).

1.3.  Les pères

L’absence des pères, ou la grande irrégularité de leur présence, est marquante. « Sur ce volet, beaucoup de dossiers étaient incomplets, remarque le Dr Vanthournout. Nous n’avons donc pas pu analyser leurs données. »

2.     Les outils d’évaluation

Quels outils pour les 0-4 ans ? « Il n’y pas d’échelle qui couvre à elle seule cette tranche d’âge, expose le Dr Vanthournout. Nous en avons utilisé trois : Brazelton, Brunet-Lézine et WPPSI-III, qui ne sont d’ailleurs pas toutes qualifiées d’échelles… Brazelton est un outil d’observation clinique, alors que le test de Brunet-Lézine et le WPPSI-III sont des échelles normées. » Ces outils ont donc plutôt fourni des indicateurs. « La validité scientifique peut être questionnée en raison de l’utilisation d’outils différents, reconnaît le Dr Vanthournout, mais les résultats sont suffisamment forts et intéressants pour déjà orienter des pratiques de prévention et, pourquoi pas, ouvrir la voie à une autre recherche plus vaste. »

Les chercheurs ont aussi eu recours au Guide d’évaluation des capacités parentales de Steinhauer. « C’est un guide canadien très complet mais ardu à utiliser. Les professionnels se sont rendu compte qu’il y avait de nombreuses questions qu’ils ne posaient pas : Dans quel genre de quartier vivez-vous ? Y a-t-il de l’insécurité ? Êtes-vous inquiète de laisser votre enfant jouer en plaine de jeux ? On se penche sur l’environnement plus large de la famille, qui peut aussi être source de tensions. Nous avons tenté de quantifier ces informations, et estimé que c’était préoccupant ou pas en fonction du nombre d’items cochés. »

3.     Principaux résultats de l’étude clinique

3.1.  Données socioéconomiques des femmes enceintes

Dans l’échantillon total des femmes interrogées dépistées ou non aux violences et tensions conjugale (VC+ et VC) :

  • Plus de la moitié ont entre 25 et 34 ans.
  • 83,2% vivent essentiellement en couple mais ne sont mariées que dans 56,0% des cas.
  • 28,5% occupent un emploi.
  • 48,0% sont sans ressources fixes.
  • 31,1% ont un niveau d’instruction qui se limite à l’enseignement primaire.
  • Plus de 80% sont nées dans un pays autre que la Belgique. Pour plus de la moitié des femmes qui ont connu une histoire migratoire, celle-ci remonte à moins de 5 ans.

Plusieurs variables sociodémographiques différencient les 137 femmes dépistées soit lors de leur suivi prénatal par les TMS, soit aux urgences ou en post-partum ou lors de consultations psychologiques (VC+) :

  • Elles ont un âge médian de 31 ans.
  • Il y a plus de femmes vivant seules dans le groupe des victimes (23,3% vs 12,7%), moins de femmes mariées (35,9% vs 55,8%), plus de célibataires (56,3% vs 40,7%) et plus de divorcées (6,8% vs 1,9%). Un peu plus de la moitié cohabitent avec leur partenaire, tandis qu’environ un cinquième sont en couple sans cohabiter. Leurs partenaires sont plus âgés d’environ 10 ans.
  • Il y a plus de chômeuses (19,4% vs 11,3%) ou de femmes bénéficiant de l’aide sociale, de la mutuelle ou d’un revenu d’insertion (21,4% vs 15,3%). Leur situation financière est qualifiée de fragile (revenus irréguliers et/ou non déclarés, revenus d’intégration sociale, chômage) dans environ 60% des cas et de précaire (absence de revenus, mendicité) dans un tiers des cas. « La situation socioprofessionnelle est particulièrement précaire pour une majorité de femmes de la population étudiée, elle l’est davantage encore pour celles qui sont victimes de tensions et de violences conjugales, compare le Dr Vanthournout. Ces données sont confirmées par la littérature : précarité et insécurité financière augmentent le risque d’être victime de violences conjugales. »
  • Les femmes victimes sont moins instruites, d’un niveau d’études primaires ou secondaires inférieures (71,0% vs 50,5%).
  • Plus de la moitié déclarent que ces violences conjugales ont lieu souvent. Les violences verbales et physiques sont les plus fréquemment rapportées (40,2% et 42,3%).
  • 36,1% des mères ne sont pas demandeuses d’une intervention tandis que 44,3% se disent prêtes à agir. Les autres sont ambivalentes.
  • Le suivi psychologique proposé s’est concrétisé pour 56 femmes (41%) et il fut régulier pour 35. « Peu de mères sont demandeuses d’aide et c’est très difficile d’instaurer un suivi psychologique, remarque le Dr Vanthournout. Cela demande énormément de moyens et d’énergie. Elles ont d’autres priorités, des empêchements… Nous devons en tenir compte dans la façon de déployer nos soins, aller peut-être plus souvent à domicile. Des études montrent que les suivis à domicile sont de meilleure qualité, surtout dans les familles précaires. »

3.2.  La santé des mères et des nouveau-nés

Parmi l’ensemble des femmes rencontrées par les TMS (VC+ et VC-) :

  • Un peu plus d’un quart sont primigestes et 40% sont nullipares.
  • Un quart ont été dépistées au premier trimestre et 50% des dépistages ont été réalisés à un autre moment que celui de la première consultation. « Des femmes consultent tardivement et celles qui ont été dépistées au deuxième ou au troisième trimestre avaient parfois été vues avant sans avoir répondu par l’affirmative aux questions concernant les tensions et/ou violences conjugales. Même si on a déjà interrogé la femme, il est important de répéter la question à chaque consultation. La confiance dans l’institution doit s’installer parce qu’elle ne rencontre pas toujours le même intervenant. »
  • Une hypertension artérielle est relevée chez un peu plus de 5% des femmes et une anémie dans un peu moins d’un tiers des situations. Une sérologie positive à l’hépatite B, au VIH et aux chlamydias est retrouvée chez plus de 2% des femmes.
  • Le poids moyen des nouveau-nés est de 3,24 kg.

Parmi les femmes interrogées qui déclarent être victime de violences conjugales (VC+) :

  • 20% sont primigestes et 20% ont déjà eu 5 grossesses ou plus. 54,7% ont des antécédents d’IVG et/ou de fausses couches. « Les femmes consultant dans le cadre d’une IVG ou d’une fausse couche ne sont pas rencontrées par le TMS, elles n’ont dès lors pas non plus été dépistées. Des antécédents de ce type devraient attirer l’attention, la littérature le montre. Il y a sans doute un grand nombre d’IVG ou de fausses couches qui se passent dans un environnement de violences ou de tensions conjugales », remarque le Dr Vanthournout.
  • Pour 26,7%, le dépistage positif a eu lieu durant le premier trimestre ; pour 38,2% durant le deuxième et pour 25,2% durant le troisième.
  • Il y a une plus grande fréquence d’une anémie (45,3%), d’une infection par le VIH (8,5%) et d’une séropositivité au virus de l’hépatite B (98,8%). « Nous n’avons pas élucidé la question de l’anémie, dit le Dr Vanthournout. L’infection VIH en revanche, on la retrouve bien dans la littérature. »
  • Le poids moyen du nouveau-né à la naissance est inférieur (3,19 kg)

3.3.  Les enfants de moins de 4 ans

L’échantillon compte 104 enfants victimes de violences conjugales. Au moment de la première rencontre 58,7% d’entre eux ont moins de 1 an ; 22,1% sont âgés de 1 à 2 ans et 19,2% sont âgés de 3 ans. Il y a 60% de garçons et 40% de filles.

  • 34% des enfants vivent avec leurs deux parents.
  • 88% des mères interrogées sont sans emploi et 61% bénéficient d’une aide sociale financière. 21% n’ont pas de logement disponible.
  • Pour 57,9% des mères, leur histoire de migration remonte à moins de 7 ans.
  • 13,4% des mères souffrent d’une affection médicale chronique ; 19,5% d’un trouble mental. 13,6% ont une déficience mentale et 14,9% abusent de drogues, d’alcool ou de médicaments.
  • 39,5% des enfants ont des difficultés physiques, comportementales, émotionnelles ou scolaires.
  • Un conflit lié à la garde ou à l’accès à l’enfant est signalé par 18,7% des mères. Dans 45,2% des situations, un dossier relatif à l’aide ou à la protection de l’enfant est ouvert.
  • Les mères se disent en lien avec des membres de la famille dans plus des trois quarts des situations, et dans deux tiers avec des professionnels de la santé et des amis. Dans un cas sur deux elles, font appel au soutien de leur réseau social.

3.4.  L’attitude de la mère

Cette évaluation a été réalisée en référence au Guide d’évaluation des capacités parentales.

  • Environ une mère sur cinq est incapable d’identifier ses émotions et d’identifier une solution alternative au geste ou la parole blessante avant d’agir.
  • Si elle est contrariée par son enfant, une mère sur deux aura tendance à gérer seule la maitrise de ses impulsions.
  • 35% des mères présentent une faible, voire aucune, reconnaissance verbale de la responsabilité et nient l’existence de problèmes.
  • Elles ne sont pas conscientes des répercussions de leurs difficultés sur l’enfant.
  • Dans 81% des cas, des indices de la présence d’un trouble de l’humeur ont été relevés, et dans 55,7% des cas des problèmes au niveau de la représentation de soi et des rapports avec les autres. Anxiété, comportement violent et limitation intellectuelle sont retrouvés chez un peu moins de la moitié des mères.

La qualité de la relation mère/enfant a également été étudiée :

  • L’histoire d’attachement de la mère est une force dans un tiers des situations.
  • La sensibilité maternelle est une force dans un peu moins de 50% des situations alors que le style d’interaction est une force dans plus de deux tiers des cas.
  • L’adéquation de la mère vis-à-vis des besoins de base de l’enfant est considérée comme une force dans deux tiers des situations.
  • L’engagement et l’attitude affective de la mère ont été observés comme une force dans plus de la moitié des situations.
  • Le rôle parental est exercé de façon pertinente par la mère et dès lors considéré comme une force dans deux tiers des cas.

3.5.  Le développement de l’enfant

Les plus jeunes (âgés de moins de deux mois) ont été évalués par le test de Brazelton. 69 enfants ont pu être testés mais l’analyse et le scorage n’ont pu se faire que pour 22 d’entre eux. « L’enfant pleurait, par exemple, ou la mère ne se représentait pas une seconde fois », explique le Dr Vanthournout. Huit bébés ont un score dans les normes. Les quatorze autres présentent un score globalement hors normes ou trop hétérogène. « C’est très mauvais, commente le docteur. Le score le moins bien préservé est l’organisation des états d’éveil. » Par ailleurs, la qualité relationnelle mère/enfant semble meilleure pour les enfants présentant les moins bons scores.

20 enfants sur les 24 âgés de 2 à 30 mois ont été évalués par le test de Brunet-Lézine. 19 d’entre eux ont pu être côtés. Les résultats du quotient de développement total (QDT) sont compris entre 61 et 115. Un enfant présente un QDT inférieur à 70 (très inférieur aux normes), un autre se situe entre 76 et 79 (faible/fragile) et 17 se situent entre 92 et 115 (moyen, attendu). « Dix scores sont dans la norme et 9 hors normes ou hétérogènes, commente le docteur. Dans le groupe d’enfants présentant les meilleurs scores, on observe plus de fillesune médiane d’âge inférieureune meilleure qualité d’attachement et moins d’enfants victimes de maltraitance associée à des violences conjugales. » Les différentes compétences parentales maternelles sont plus fréquemment relevées comme une force.

36 enfants âgés de 30 mois à 4 ans ont été évalués par l’échelle WPPSI-III. 21 ont été testés et 18 ont pu être scorés. 3 enfants ont un quotient intellectuel total (QIT) inférieur à 70 (très inférieur aux normes), 3 se situent entre 70 et 80 (inférieur) et 1 au-delà de 130 (très supérieur). Parmi les 12 enfants présentant un QIT dans les normes, 5 sont hétérogènes.

« Globalement, la quantité de scores hors normes est effarante. Est-ce l’impact des violences conjugales ? Des facteurs environnementaux ? De la précarité ? N’oublions pas qu’il s’agit d’enfants très jeunes, rappelle le Dr Vanthournout.  Leur attitude est très labile et on devrait pouvoir leur faire passer le test à plusieurs reprises… Ici nous n’avons pu le faire qu’une ou deux fois. Ils n’ont pas tout dit de leur existence ! »

Des différences apparaissent entre les enfants aux résultats « dans les normes » et les autres :

  • Le groupe d’enfants présentant de bons résultats se caractérise par une nette prédominance de filles (60,0% vs 32,4%), s’y trouvent également plus d’enfants victimes de maltraitance isolée (44,0% vs 26,5%).
  • Plus d’enfants présentent une bonne qualité d’attachement (29,4% vs 5,0%).
  • Plus d’enfants ont une histoire d’attachement non préoccupante.
  • L’ensemble des compétences parentales maternelles est plus fréquemment de meilleure qualité.
  • Il semble que davantage de mères ont une bonne reconnaissance de leur responsabilité dans la situation problématique qu’elles vivent, et qu’elles se mobilisent.
  • En revanche, les items reflétant la qualité relationnelle mère/enfant ainsi que l’histoire d’attachement de la mère semblent plus fréquemment de meilleure qualité dans le groupe d’enfants présentant des scores hors normes ou/et très hétérogènes.
  • Comparée au groupe d’enfants victimes de maltraitance isolée, la qualité des scores de développement est particulièrement mauvaise dans les deux groupes d’enfants concernés par les violences conjugales.

3.6.  L’incidence de la maltraitance et/ou des violences conjugales

Les violences conjugales ont-elles plus ou moins d’impact sur l’enfant que la maltraitance ? Les chercheurs ont comparé les groupes qui étaient soit victimes de maltraitance, soit victimes de violences conjugales, soit victimes des deux. Constat notable : le groupe où il n’y a pas de violences conjugales est celui qui a le plus de bons résultats. « Cela répond à l’hypothèse de départ, souligne le Dr Vanthournout. Les violences conjugales induisent une souffrance aussi forte que la maltraitance. Le groupe où il n’y a que des violences conjugales n’est pas meilleur que les autres. Au contraire. »

  • Le groupe d’enfants victimes de violences conjugales non associées à de la maltraitance (VC+ MT-) est le plus grand et principalement composé de nouveau-nés et de très jeunes nourrissons.
  • Le groupe d’enfants victimes de maltraitance associée à des violences conjugales (VC+MT+) est celui dont la médiane d’âge est la plus élevée. On y trouve le plus grand nombre de mères sans emploi et de mères bénéficiant de l’aide sociale.
  • Alors que le sexe ratio avoisine 1/1 dans le groupe d’enfants victimes de violences conjugales isolées (MT- VC+), il passe pratiquement à 1 fille/2 garçons parmi les victimes de maltraitance isolée (MT+ VC-) pour arriver à 1 fille/3 garçons parmi les victimes de maltraitance et de violences conjugales (MT+ VC+).
  • Le groupe d’enfants où il n’y a pas de violences conjugales (VC-) présente la plus grande fréquence de résultats globalement dans les normes lors des tests de développement (55,0% vs 33,3% et 37,5%).
  • Dans le groupe d’enfants victimes de violences conjugales isolées (MT-VC+), l’indicateur de santé mère/enfant est meilleur. L’attachement présente une différence significative dans sa dimension relationnelle. Les compétences parentales maternelles ainsi que les attitudes de la mère sont de meilleure qualité.

Les indicateurs issus du Guide d’évaluation des capacités parentales ont été analysés en fonction de la présence ou non de maltraitance (indépendamment de violences conjugales) et en fonction de la présence ou non de violences conjugales (indépendamment de maltraitance).

  • L’absence de maltraitance (MT-) semble être associée aux meilleurs scores de style d’interaction et à une plus grande fréquence d’histoire d’attachement de l’enfant non préoccupante.
  • L’absence de violences conjugales (VC-) montre des moyennes d’indicateurs de sensibilité maternelle, de style d’interaction et de reconnaissance verbale des responsabilités plus faibles.
  • En présence de violences conjugales (VC+), les indicateurs du contexte socioprofessionnel et du réseau social ont tendance à être légèrement meilleurs.

L’analyse montre également une corrélation significative entre l’âge de l’enfant et quatre des indicateurs de capacités parentales (sensibilité maternelle, style d’interaction, santé mère/enfant et réseau social). Plus l’âge est élevé, plus la moyenne de l’indicateur de sensibilité maternelle, style d’interaction et santé mère/enfant est mauvais. Et plus l’âge de l’enfant est élevé, meilleure est la moyenne de l’indicateur du réseau social.

3.7.  Biais et difficultés rencontrées

Le groupe de 104 enfants est statistiquement exploitable. Cependant, répartis en fonction de la présence ou non de violences conjugales et/ou de maltraitance, ces enfants constituent des ensembles un peu trop petits. L’absence de groupe de contrôle, compliqué à identifier, est également à déplorer.

Dans le groupe des enfants où il y a des violences conjugales mais pas de maltraitance, on note évidemment une grande prédominance de nouveau-nés. « Cela signifie aussi qu’il y a un biais de comparaison d’échelle, ajoute le Dr Vanthournout. Ce groupe a été principalement approché par le Brazelton qui, contrairement aux deux autres tests, ne livre pas de quotients ni de courbes normées. »

L’âge différencie les groupes. Pour les plus jeunes enfants, les nouveau-nés, les chercheurs ont constaté que les compétences maternelles étaient mieux préservées que dans le groupe des enfants plus âgés où il y a aussi plus d’enfants maltraités. Les plus jeunes avaient une mère disposant de meilleures compétences parentales que les plus âgés ; mais les plus jeunes avaient globalement une moins bonne qualité de développement que leurs aînés. « Les enfants plus âgés se retrouvent aussi plus fréquemment dans les groupes où il y a de la maltraitance et moins de violences. Deux variables se chevauchent quelque peu », dit le Dr Vanthournout.

Autre biais : les données issues de l’adaptation du Guide d’évaluation des capacités parentales ont été récoltées par différents professionnels et sont sujettes à leur subjectivité.

4.     L’impact de la recherche sur les équipes soignantes

Le manque d’outils se fait sentir, même parmi les intervenants spécialisés. Au début de la recherche, 53% des professionnels avaient un niveau moyen de connaissance dans le domaine des violences conjugales. « Ils avaient à leur actif une ou deux lectures, ils avaient vaguement entendu parler du sujet », relève le Dr Vanthournout. À son terme, ils ont pratiquement tous une connaissance précise de la question et de son impact sur le développement de l’enfant. Leur connaissance des outils d’évaluation des violences conjugales s’est considérablement améliorée, passant de 7 à 86,7%. « Cependant, un an plus tard, nous devons constater une diminution significative du nombre de femmes interrogées par les TMS », déplore le docteur. En effet, si le dépistage n’est pas entretenu, si la continuité de la formation n’est pas assurée, les acquis s’estompent très vite. « Il faudrait organiser des séminaires tous les six mois, réévaluer régulièrement les questionnaires… » Il y aurait lieu aussi de porter une attention particulière aux femmes migrantes en utilisant une approche culturelle et linguistique spécifique.

5.     Conclusions

« Les résultats de cette recherche doivent être interprétés avec prudence, insiste le Dr Vanthournout, car pour réellement s’inquiéter de l’apparition d’un symptôme, il faut prendre en compte la persistance et la gravité de celui-ci. » L’impact des violences conjugales sur le nouveau-né est en effet difficile à objectiver mais, malgré la petite taille de l’échantillon et l’absence de groupe contrôle, les résultats de cette étude laissent à penser que, comme la maltraitance, celles-ci ont un effet délétère sur le développement de l’enfant. Et la cooccurrence des deux formes de violences semble aggraver cet impact. « Si les violences conjugales représentent un facteur de risque important, leurs effets ne sont cependant pas généralisables à tous les enfants, nuance le médecin, car elles ne les affectent pas tous de la même manière ni avec la même intensité. Certains enfants développent un processus d’accommodation, d’adaptation. » Le déséquilibre entre toutes les sphères du développement observé pour la population des enfants testés ne serait-il pas le résultat d’une tentative d’ajustement, d’accommodation à la violence ? Outre les violences conjugales, les facteurs environnementaux peuvent également être source de difficultés et influer sur le développement des enfants. En ce sens, les données sur leur cadre de vie interpellent : précarité, chômage, aide sociale, problèmes de logement, migration récente. Dans le groupe des enfants victimes de cooccurrence, on constate une accumulation de facteurs socioéconomiques défavorables et un plus grand isolement.

Les enfants présentant un développement dans les normes combinent quant à eux le fait d’être victime de maltraitance non associée à des violences conjugales, d’être de sexe féminin, d’avoir une bonne qualité d’attachement ainsi qu’une histoire d’attachement non préoccupante, d’avoir une mère avec de bonnes compétences parentales et qui reconnait sa responsabilité dans la situation problématique vécue. Par contre, la qualité relationnelle de l’attachement ainsi que l’histoire d’attachement de la mère semblent plus fréquemment préoccupantes. « Il semble que l’impact des violences conjugales sur le développement de l’enfant est plus important que celui de la maltraitance et que la maltraitance a un impact plus important sur la qualité relationnelle d’attachement mère/enfant », signale le docteur.

 

Lorsqu’on analyse les indicateurs de capacités parentales, on trouve dans le groupe d’enfants victimes de violences conjugales isolées les meilleurs résultats en termes de sensibilité maternelle et style d’interaction mère/enfant : deux éléments reflétant la qualité relationnelle de l’attachement. Il s’agit également du groupe d’enfants les plus jeunes. « Tout se passe comme si dans les premiers temps de la relation avec l’enfant la qualité relationnelle de l’attachement de la mère restait préservée malgré la présence de violences conjugales. Nous pensons que le test de Brazelton a eu aussi un impact au niveau de la relation triangulaire thérapeute/mère/bébé. Il a permis à certaines mamans de développer un regard plus attentif et surtout de découvrir les capacités de leur nourrisson. Ceci est corroboré par la littérature. »

La naissance de l’enfant aurait aussi un effet protecteur, une sorte de lune de miel qui ravive les compétences maternelles. « Un bébé sauveur qui met le compagnon violent à distance, qui protège la mère, observe le Dr Vanthournout. Certains hommes ne frappent plus parce que l’enfant est là. » Cette période est aussi particulièrement sujette au déni des difficultés et à l’évitement des structures d’aide et de soins. Ceci devrait inciter les professionnels de la santé à se coordonner pour favoriser l’acceptation et le maintien de l’aide par la mère. Les résultats de cette étude invitent en effet les professionnels à ajuster leur pratique. Tout simplement déjà en s’autorisant à poser quelques questions aux femmes qui les consultent. « Et en n’hésitant pas à revenir sur le sujet d’une fois à l’autre, insiste-t-elle. Car nous l’avons vu, une forme de confiance doit s’installer pour libérer leur parole. »

6.     En savoir plus

Rapport de recherche « L’enfant exposé à la violence entre partenaires – L’impact des violences conjugales sur le jeune enfant dès la période anténatale » (CHU St-Pierre/SOS enfants-ULB) – contacter l’équipe (coordonnées ci-dessous)

7.     Contact pour l’étude clinique

Brigitte Vanthournout

CHU St-Pierre, équipe SOS enfants-ULB

Rue Haute 322

1000 Bruxelles

Tél. : 02 535 46 51

Courriel : brigitte_vanthournout@stpierre-bru.be

http://sos-enfants.ulb.ac.be

II. La revue de la littérature et la construction d’un outil de prévention

Ce volet de la recherche est parallèle à l’étude clinique menée au CHU Saint-Pierre, décrite plus haut. Son objectif est de construire un outil de prévention pour les enfants exposés aux violences dans leur environnement familial depuis la période anténatale jusqu’à l’âge de 4 ans. Deux canaux ont fourni le matériel nécessaire : une revue systématique de la littérature sur le sujet ainsi que le recueil et l’analyse des pratiques des professionnels.

L’outil finalisé (le référentiel « Violences au sein du couple : les enfants en souffrance) comporte deux parties : des repères théoriques à destination des professionnels de santé et des outils d’aide à la pratique.

1.     La littérature

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants in utero et âgés de moins de 4 ans sont une problématique complexe qui se présente comme un système, comme un ensemble d’éléments en relation. Le nombre des parties qui le constituent, comme ici les victimes de violences, les auteurs et les proches, les divers intervenants, les milieux médico-psychologique, judiciaire, social, voire la société en général, est un critère de cette complexité. Indépendante, chaque partie est potentiellement capable d’évoluer pour son propre compte. « En le décomposant, un système complexe peut être simple à comprendre. Notre recherche se fonde sur cette déconstruction en parties élémentaires, sur l’identification de leurs relations ainsi que des propriétés contraignantes (les barrières), émergentes (les facilitateurs) et les solutions », explique Anne-Marie Offermans, Sociologue et Maître d’enseignement au DMG.

 

Le but de la revue systématique est de déterminer l’impact des violences conjugales sur la santé de l’enfant et de mesurer l’efficacité des interventions. « Que faire dans tel cas ? Qu’est-ce qui a déjà été fait et qui a bien fonctionné ? Chaque recommandation de l’outil que nous proposons est étayée, validée par cette revue d’interventions évaluées. Cela permet d’adapter au mieux l’accompagnement en fonction des situations rencontrées », résume la sociologue.

La méthodologie de l’Evidence-Based Medicine (EBM, médecine factuelle), a été utilisée : formulation de questions cliniques au départ de la méthode PICO (Patient Intervention Comparison Outcome) :

  • Patient : ses caractéristiques (âge, sexe, …) et/ou le problème qu’il pose ;
  • Intervention(s) ou exposition(s) à considérer ;
  • Comparaison par rapport à une autre intervention (si elle est appropriée) ;
  • Outcome, c’est-à-dire l’issue clinique recherchée/étudiée.

La recherche dans les bases de données[2] (2006-janvier 2016) s’est opérée au départ de mots-clés et selon des critères d’exclusion/inclusion. Les articles sélectionnés sont des méta-analyses, des revues systématiques, des recommandations de bonne pratique, des revues et des études randomisées et contrôlées. « Leur sélection et leur évaluation ont été effectuées par deux lecteurs indépendants, et un troisième en cas de désaccord » précise Anne-Marie Offermans. Nous avons également contacté des experts. »

Au total, 61 publications ont été retenues dont une vingtaine de revues systématiques. Ces documents, dont la qualité méthodologique a été évaluée, ont été utiles à la rédaction des réponses aux questions cliniques :

  • Que recouvre la violence à l’égard des enfants (in utero et âgés de moins de 4 ans) exposés aux violences conjugales et quelle en est sa prévalence ?
  • Quels sont les facteurs de risque/protection à l’exposition de ces enfants aux violences conjugales ?
  • Quels sont les impacts des violences conjugales sur la femme enceinte – en ce compris la période postnatale/prime enfance – et sur l’enfant in utéro et âgé de moins de 4 ans ?
  • Quelles sont les interventions efficaces mises en place à l’égard de ces femmes enceintes et de ces enfants ?
  • Quels sont les outils développés dans le domaine ?

2.     Enseignements

Les facteurs de risque identifiés chez les enfants de moins de 4 ans touchent de multiples niveaux :

–          Individuel : caractère « difficile » de l’enfant, âge.

–          Familial : fragilité socioéconomique et culturelle des parents, instabilité émotionnelle et sociale dans la vie de l’enfant, attitudes parentales peu consistantes, fragilité parentale, jeunesse du couple, fragilisation du lien d’attachement, fréquence et intensité des violences.

–          Environnemental : isolement de la famille, contexte social marqué par la violence des rapports.

Et inversement pour les facteurs de protection :

–          Individuel : caractère « facile ».

–          Familial : solidité socioéconomique des parents, attitudes parentales consistantes et régulières, établissement d’un lien d’attachement sécure.

–          Environnemental : solidarité sur le plan familial, social, culturel et institutionnel.

L’étude des trajectoires des enfants exposés aux violences conjugales, tout comme celles des enfants victimes de maltraitance, a mis en évidence des phénomènes de résilience. Si l’exposition aux violences conjugales a des effets négatifs significatifs, un nombre non négligeable d’enfants présentent un fonctionnement psychologique normal ou peu perturbé. « C’est le cas de 31-56% des enfants en âge préscolaire qui bénéficient de facteurs de protection tels qu’un tempérament facile, une mère non dépressive, un parent gardien », note Anne-Marie Offermans.

2.1. Impacts des violences conjugales sur la santé

De nombreuses conséquences sont évoquées dans la littérature.

Concernant les femmes :

–          Santé physique ; lésions traumatiques, maladies psychosomatiques, augmentation du recours aux soins de santé, surmortalité.

–          Santé mentale : dépression, anxiété, syndrome de stress post-traumatique (PTSD), dépression post-partum.

–          Santé génésique : dysfonction sexuelle, plus particulièrement les douleurs pelviennes, les infections urinaires à répétition, grossesses non désirées, avortements à risque, fausses couches.

–          Comportements : addictions, suivi tardif ou aléatoire de la grossesse, séjours raccourcis en maternité.

–          Parentalité : compétences parentales inadéquates, isolement social et manque de soutien.

Concernant les enfants :

–          Altération du développement des fonctions cérébrales supérieures (affectivité, émotions, mémoire) et du développement physique liée à des taux élevés de cortisol dès le stade fœtal.

–          Petit poids de naissance, prématurité, hospitalisation prolongée du nouveau-né.

–          Santé du nourrisson : symptômes de PTSD (cauchemars, sursauts exagérés, hypervigilance, évitement des stimuli), troubles du sommeil et de l’alimentation, retard de croissance, troubles de l’attachement, moins bon suivi médical (vaccination, plus de consultations aux urgences).

–          Santé de l’enfant de 2 à 4 ans : comportements d’externalisation (problème de comportement, agressivité envers les autres enfants) et d’internalisation (peur, tristesse, inhibition), PTSD, altération des capacités cognitives (langage), surmortalité.

2.2. Efficacité des interventions

« Une intervention, même avec une efficacité réduite, reste rentable vu les coûts faramineux engendrés par les violences », signale Anne-Marie Offermans.

Quelques approches donnent de bons résultats :

  • Le dépistage opportuniste (case finding). L’OMS et le NICE s’orientent vers cette approche : quand les praticiens évaluent que la situation peut être causée ou aggravée par la violence (blessures inexpliquées, symptômes de dépression…) ou si d’autres risques ou indications cliniques sont présents, ils devraient questionner les patientes.
  • La guidance psychosociale (counseling/brief advocacy) incluant des conseils sur l’élaboration d’un plan de sécurité a une efficacité sur la réduction de l’incidence des violences conjugales et, dans une moindre mesure, sur l’amélioration de la qualité de vie, de la santé physique et mentale. Ce type d’accompagnement est actuellement recommandé par l’OMS et le NICE.
  • Les visites à domicile (home visitation) donnent des résultats prometteurs, comme l’amélioration de la sécurité et de l’accès aux ressources communautaires. Néanmoins, ce type d’intervention n’est pas encore officiellement envisagé.
  • Les interventions thérapeutiques axées sur la dyade mère/enfant (therapeutic interventions aimed at both mother and child) rapportent une réduction des problèmes de comportement et/ou des symptômes de stress post-traumatique chez l’enfant ainsi qu’une amélioration de la relation d’attachement mère/enfant.

3.     La recherche qualitative auprès des professionnels

Il s’agit de déterminer les outils et les actions à mettre en œuvre sur base des barrières et des facilitateurs rencontrés par les praticiens.

« Nous avons choisi la méthode du focus group pour recueillir les perceptions des professionnels de santé, leurs attitudes, leurs croyances et leurs zones de résistance », précise la sociologue. Le premier groupe est constitué de l’ensemble des professionnels de santé impliqués dans l’étude clinique longitudinale menée sous la direction du CHU Saint-Pierre, soit 11 praticiens. Le second rassemble des professionnels de santé concernés par les situations de violences incluses dans cette étude clinique (médecin généraliste, pédiatre, gynécologue, sage-femme, kinésithérapeute, TMS de l’ONE), soit 20 professionnels de santé. « Nous les avons invités à parler des difficultés qu’ils rencontrent, des éléments qui les aident et des solutions qu’ils imaginent. Travaillent-ils en réseau par exemple ? Sont-ils formés à la problématique ? L’idée d’avoir un outil à disposition a émergé, nous l’avons élaboré au départ de leurs besoins et de leur pratique », ajoute-t-elle.

3.1. Barrières et facilitateurs identifiés

En matière de détection, certains  freins sont inhérents à la problématique (problématique à large spectre, souvent vécue comme taboue ; chaque cas est unique et requiert une approche individualisée), inhérents aux professionnels (manque de prérequis ; relation complexe patient/professionnel de santé ; abord du sujet en consultation, étape délicate lorsque le conjoint est présent ; manque de ressources à disposition et de compétences spécifiques) ou structurels (contrainte de temps et manque de ressources ; manque de continuité dans les soins ; offre insuffisante de services ; barrières linguistiques et culturelles, nécessité de supports de communication).

De même, en matière d’accompagnement, ils sont aussi intrinsèques (problématique complexe et multifactorielle ; attitudes de résistance du public cible), inhérents aux professionnels (établir le diagnostic, évaluer les risques, informer ; chaque prise en charge révèle des contraintes importantes, un accompagnement chronophage et consommateur d’énergie ; des compétences spécifiques sont nécessaires, contexte de travail, ressources à disposition, assistance à la pratique…) et structurels (nombre insuffisant de services appropriés ; réseau saturé et manque de suivi des situations ; communication et transmission d’information déficitaire au sein du réseau ; surcharge de travail et pression du temps).

Les principaux éléments facilitateurs reposent, chez les professionnels, sur les ressources à leur disposition (la formation, leur ressenti que « quelque chose ne va pas », le travail en réseau multidisciplinaire, les outils d’aide à la pratique), sur leurs compétences, leurs expériences, leurs attitudes positives et également sur le lien de confiance qui s’inscrit dans la durée avec les familles. Au niveau structurel, on note le soutien institutionnel et la mise à disposition de supports d’information relatifs à la problématique.

3.2. Solutions proposées

En matière de prévention :

  • Éléments structurels : des actions de sensibilisation tous azimuts ; un soutien diversifié à la parentalité.

En matière de détection :

  • Éléments structurels : développer une approche en périnatalité, par exemple un entretien spécifique au quatrième de mois de la grossesse.
  • Éléments concernant les professionnels : sensibilisation, formations spécifiques sur le sujet ; création d’un outil de dépistage.

En matière d’accompagnement :

  • Éléments concernant les professionnels : formation à l’accompagnement des personnes ; création d’un outil d’information à destination des parents ; élaboration d’un instrument de diagnostic et de prise en charge des patientes victimes.
  • Éléments structurels : favoriser le travail en réseau ; ouvrir une consultation spécifique à destination des futurs pères ; améliorer le dispositif d’interprétation ; assurer la gratuité des gardes en milieu d’accueil.

Ce ne sont pas des situations faciles à vivre pour les enfants car ils perdent leur parent dans cette aventure. « Ces familles sont très centrées sur elles-mêmes, il est important que l’enfant ait d’autres ressources », dit Anne-Marie Offermans. Il vit dans un climat de peur et d’insécurité, il vit seul quelque chose de difficile. Non décodé, c’est traumatique. » Ce stress post-traumatique sous-jacent est déjà visible chez le bébé. « Il est récent de lire dans la littérature que l’enfant in utero vit en état de stress chronique, remarque-t-elle. Les sages-femmes par exemple n’imaginaient pas cet impact. »

Les enfants réagissent différemment aux violences conjugales, certains au « caractère facile » s’adaptent. « On sait aussi que nombre d’entre eux vont appeler les secours. Ce n’est pas idéal que ce soit l’enfant qui appelle la police… » Il est donc recommandé d’envisager avec la mère ce qu’il y a lieu de dire à ses enfants et de voir si elle a les capacités de faire appel à l’aide, de les protéger. « Les mères se sentent responsables des actes de violences et elles oublient tout l’aspect sécurité, or elles sont responsables de la leur et de celle de leur enfant. Quand on leur donne des conseils, on constate une réduction des épisodes violents. En déplaçant le curseur, l’intérêt, sur l’enfant, elles vont être davantage dans une position méta par rapport à ce qui se passe. Et il y a aussi moins de conséquences sur la santé de l‘enfant. »

Les hommes, les pères, les conjoints ont aussi besoin d’être aidés. « Quand on dépiste ces situations, on remarque souvent que la problématique était déjà présente à la grossesse et qu’on ne leur avait jamais posé la question. Ils disent eux-mêmes qu’on aurait pu faire quelque chose… Faire quelque chose pour leur enfant a plus d’impact car il y a moins de contentieux avec lui qu’avec leur épouse. » C’est un bon levier, plus facile. Une manière aussi d’être en empathie avec leur enfant intérieur. Quand la justice passe par-là, c’est déjà enkysté ; le changement est long et difficile. « Il y a une demande des professionnels d’ouvrir le dialogue avec l’auteur de violences. Même si le dépistage – c’est une règle – s’effectue avec la victime seule et pas en couple, il est important d’aussi le rencontrer, d’évaluer le danger, de le reconnaître dans sa position à lui. » Rencontrer le père auteur de violences comme il est naturel de rencontrer n’importe quel père et d’aborder avec lui le stress de la naissance… mais cela paralyse. « Les professionnels de santé se sentent plus à l’aise pour accompagner les personnes victimes », observe Anne-Marie Offermans.

En termes d’efficacité d’intervention, il important d’expliquer aux parents le cycle de la violence. « Ces personnes n’ont pas conscience du processus dans lequel elles tournent en boucle. Et on ne peut pas changer quelque chose dont on n’a pas conscience », fait remarquer la sociologue. Premier élément : voir dans quoi je suis, et me protéger. « La littérature le relate, poursuit-elle. On a demandé à des mères ce qu’elles auraient attendu de leur médecin. 94% disent qu’elles auraient aimé qu’il aborde le sujet en consultation. Les autres disent qu’elles n’auraient jamais imaginé que la violence pouvait exister pendant la grossesse… Le frein vient davantage des professionnels. Les personnes victimes vont peu souvent en parler spontanément mais se voir poser la question montre qu’il y a une place pour la parole si elles le souhaitent. » L’objectif n’est pas de faire du résultat mais de semer. « La graine germera quand elle sera mûre, la personne se souviendra de vous et vous en parlera peut-être la fois suivante. Il faut cependant sortir de cette illusion qu’en posant la question on va résoudre le problème. » Cela prendra du temps, c’est un changement de vie, une reconstruction qui doit se préparer.

4.     Le guide

Les participants des focus groupes sont à la fois les bénéficiaires et les co-constructeurs du guide. « Il était particulièrement important pour eux d’informer les parents de l’impact des violences conjugales sur les enfants. Nous avons trouvé des expériences validées dans la littérature à ce sujet et nous sommes retournés vers eux pour voir comment les utiliser. Les recommandations retenues ont ensuite été testées en consultation. » Tous les outils d’aide à la pratique repris dans le guide ont été élaborés de cette manière.

Les professionnels sont très attentifs à ne pas culpabiliser les parents mais plutôt à les informer et les aider à prendre leurs responsabilités, les amener à penser à l’enfant et à le protéger. « C’est une ligne directrice du guide », souligne Anne-Marie Offermans. Ils ont aussi réfléchi à rendre ce document attractif. Des extraits de leurs échanges illustrent les différentes parties, ils sont en prise directe avec le terrain.

Quand on se rend compte d’une situation, on est déjà (trop) loin… « La violence n’est pas là où on pense qu’elle est », dit un médecin. Et c’est parfois au détour d’une conversation qu’on s’en aperçoit. La démarche diagnostique sur base de questions pertinentes – questionnement en entonnoir – a été retenue. « Au début, cela va paraitre être un peu scolaire mais avec l’expérience, le professionnel lâche peu à peu le document de référence et poser ces questions devient naturel, tant pour lui que pour le patient », assure Anne-Marie Offermans.

Il est aussi très important que les professionnels prennent soin d’eux. Le dernier chapitre du guide recommande au parent de faire appel, de s’ouvrir vers l’extérieur, de réfléchir à comment recharger ses batteries. Ces conseils valent tout autant pour les intervenants : appel logistique au réseau, conseil, supervision et ressourcement. « Ce sont des situations complexes. On s’use parce que la solution n’est pas pour demain », met-elle en garde.

5.     Conclusions

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants in utero et âgés de moins de 4 ans sont une problématique importante. Prévention, diagnostic précoce et prise en charge, ces situations nécessitent des compétences mais aussi du temps, beaucoup plus de temps que pour d’autres. Or, les divers intervenants impliqués en manquent. Ils manquent aussi de formations, de connaissance du réseau, de coordinations multidisciplinaires, d’outils opérationnels…

La notion de doute traverse cette problématique, de la prévention aux interventions de prise en charge. « On est souvent dans la créativité, dans l’adaptation nécessaire à un contexte particulier, dans la révision des attitudes. L’importance du contexte est majeure, il mêle des déterminants familiaux et personnels à un ensemble de facteurs sociétaux comme la pauvreté, le chômage, la toxicomanie », analyse Anne-Marie OffermansPeuvent, ou doivent, en résulter des approches et des prises en charge conceptualisées sur le mode de la discrimination positive.

La crainte de la stigmatisation de certaines populations et le poids du regard et du jugement des autres accroissent les difficultés des intervenants. « Les professionnels se sentent fragiles dans leurs connaissances et leurs décisions face à une problématique dure. » Les références à la loi, à la déontologie, à l’éthique sont fréquentes et sont vécues soit comme des incitants soit comme des freins. « Le nombre limité de recommandations EBM, la complexité de l’exposition aux violences et le manque global de connaissances et de compétences conduit à une balance décisionnelle. Tant pour les acteurs soignants que pour les victimes, les auteurs, les proches et les milieux de garde, les décisions univoques sont difficiles. Ils doivent bien évaluer leurs choix. »

La prise en charge penche en outre très nettement vers la première ligne, en évitant autant que possible les signalements précoces et la judiciarisation systématique tout en garantissant la sécurité de tous. Les récents décrets vont dans ce sens.

 La prévention. « Il y a trop peu d’actions de sensibilisation, de campagnes ciblées sur la parentalité responsable et sur les difficultés qui par nature l’accompagnent », déplore la sociologue. La prévention est la première étape nécessaire d’un long processus impliquant en aval la détection, la prise en charge et le signalement éventuel. Mais elle n’est pas toujours reconnue comme telle… En matière de violences conjugales comme dans tous les domaines à grande morbidité, les interventions préventives sont pourtant plus efficientes que tout ce qui peut être fait une fois que le processus enclenché. « Les coûts de la prise en charge – services médicaux, juridiques et l’impact sur la santé des personnes – sont tellement élevés qu’une intervention aussi minime soit-elle en vaut la peine », rappelle-t-elle.

Les professionnels ont évoqué l’insuffisance de services préventifs spécifiques, que ce soit en période prénatale pendant la grossesse, en période périnatale à la maternité, ou pendant la petite enfance. Ces manques sont particulièrement importants lorsqu’il s’agit de populations à risque : parents jeunes, issus de l’immigration, en situation précaire. La précocité de la prise en charge détermine son efficacité mais elle est difficile. Le tableau clinique est polymorphe, mélangeant des signes d’appel physiques, psychologiques et sociaux souvent flous et peu marqués, avec lesquels les intervenants sont peu à l’aise et pour lesquels ils sont peu formés. « Comme souvent pour les problèmes complexes qui se présentent en première ligne, le diagnostic repose quasi totalement sur la clinique. Aucun examen spécialisé, test de laboratoire ou d’imagerie ne permet de trancher d’une manière absolue », constate Anne-Marie Offermans.

Les professionnels se sentent très souvent pris dans une problématique familiale peu précise qui empêche de voir, même l’évidence, et parfois pendant longtemps. Les intervenants sont nombreux. Le travail en réseau est une nécessité mais il est compliqué pour des raisons organisationnelles, par manque de moyens structurels et opérationnels et aussi parfois en raison du « shopping médical » et de la mobilité des publics concernés. Cette difficulté de détection par aveuglement est abondamment citée par les professionnels. La littérature parle « d’aversion à voir ». « C’est la difficulté sinon l’impossibilité d’envisager la violence. À cause notamment de l’alliance thérapeutique, de la sympathie développée à l’égard des parents, mais aussi à cause de la tendance naturelle de chacun à l’autoprotection, à l’identification, à s‘imaginer dans les mêmes situations. » Ce n’est pas imaginable, donc ce n’est pas réel. Auteurs, victimes, intervenants, se rejoignent dans une espèce de complicité collective inconsciente qui risque de marquer la structure familiale de manière indélébile, parfois pendant plusieurs générations. La littérature montre aussi cette reproduction. « Le secret qui était indicible à la première est innommable à la seconde et devient impensable à la troisième. Ces concepts se retrouvent dans toutes les situations de violences, particulièrement intrafamiliales », constate aussi Dr Michel Roland.

Première approche. La coopération des parents est indispensable, c’est à la fois le principal facteur de réussite et le principal obstacle potentiel d’une prise en charge en première ligne. Les personnes concernées sont le plus souvent dans une attitude balancée sinon ambivalente, mais aussi de déni, d’occultation, de mobilité. « Si on ajoute l’attitude elle aussi souvent mixte de l’enfant victime, qui souffre de la situation mais qui craint d’être éloigné de sa maison et de ses parents, on imagine que les intervenants ont du mal à se faire une idée précise de la problématique en cours. » Une communication authentique, ouverte, respectueuse et sans jugement est une nécessité absolue, mais difficile à mettre en place et à maintenir.

Le fonctionnement harmonieux d’un réseau collaboratif multidisciplinaire est préconisé, sous condition de respect du secret professionnel partagé. Ce réseau de première ligne devrait être le plus stable possible pour garantir la continuité, notamment en ce qui concerne la position centrale du médecin de famille. « Ne faudrait-il pas désigner un coordinateur général, un case manager pour chaque cas ? Une personne de référence formellement identifiée ? », interroge le Dr Roland.

Chaque cas est unique et réclame un plan de traitement coordonné, collaboratif et individualisé. Mais plusieurs obstacles s’opposent à sa réalisation. Les professionnels de première ligne sont surchargés, confrontés à l’immédiateté et aux urgences du quotidien. La coordination est perçue comme chronophage d’autant qu’elle est rarement considérée comme une prestation spécifique. « Beaucoup de professionnels sont fatigués, ils manquent de ressources et risquent le burn out, constate la sociologue. Des équipes mobiles à domicile pourraient les aider ponctuellement. » Le déficit de leurs feed-back mutuel et leur coordination insuffisante risquent de masquer une vue globale de la situation et d’augmenter les recours à la deuxième ligne « La difficulté réside dans le choix du moment adéquat de la référence : ni trop tôt, ni trop tard. »

Il existe trop peu d’outils et de connaissance vraiment solide et validée sur la prise en charge des violences conjugales et familiales. Tous les intervenants manquent de formation, formation de base mais aussi formation continue. « Leur approche reste orientée-patient alors qu’une orientation-famille serait plus indiquée. » Ils doivent se sentir à l’aise avec cette problématique. L’étude clinique du CHU Saint-Pierre le constatait aussi : au départ les connaissances étaient minimalistes chez les intervenants de première ligne et l’effet de cette recherche les a considérablement augmentées. « Il faudrait rafraichir les compétences tous les six mois car il n’est pas encore inscrit dans les mœurs, comme pour le tabac, de poser des questions. Pourtant, les violences conjugales sont plus fréquentes que certaines maladies que l’on dépiste de façon systématique, comme la pré éclampsie par exemple », constate Anne-Marie Offermans.

Quels sont les freins ? Nous sommes tous concernés, de près ou de loin, par cette histoire de violences. « Il y a une part de vie privée, il y a des barrières, pas le temps, je ne suis pas formé, que dire, vers où orienter, quelles sont les ressources… D’où l’importance du réseau, de pouvoir passer la main. Les sages-femmes sont dans une bonne position pour aborder ce sujet, elles sont proches du couple, du corps, et elles sont aussi dans une dynamique positive contrairement aux professionnels qui interviennent aux urgences. Une parole peut se libérer plus facilement quand on est dans le toucher, dans l’émotion de l’échographie. On sait aussi que le taux de révélation va être plus élevé à l’approche de l’arrivée du bébé. Ce n’est pas au moment de l’accouchement qu’il faut poser des questions de dépistage. À ce moment-là on accompagne, car certaines mères sont en phase de lune de miel : ça va redémarrer. L’enfant réparateur. Or, on sait dans la littérature que l’enfant peut être conçu lors d’une agression. On sait aussi que la grossesse peut être un élément protecteur ou aggravant. » Les études sont contradictoires mais elles s’accordent à dire que lorsque la violence préexistait, elle va perdurer.

6.     En savoir plus

Le référentiel « Violences au sein du couple : les enfants en souffrance » est disponible sur demande auprès du Fonds Houtman, mais aussi téléchargeable ici ou sur http://www.dmgulb.be/.

7.     Contacts

Contact pour obtenir un exemplaire du référentiel :

Christelle Bornauw

Attachée à la Communication du Fonds Houtman

02 543 11 76 ou CBornauw@fondshoutman.be

Contact pour la revue de la littérature et le référentiel :

Anne-Marie Offermans

Département de Médecine Générale de l’ULB

Campus facultaire Érasme, Route de Lennik 808/612 à 1070 Bruxelles

GSM : 0498 38 04 33 – Courriel : contact@offermans.eu www.dmgulb.be

8.     Références bibliographiques

Pieters J, Italiano P, Offermans A-M, Hellemans S. Les expériences des femmes et des hommes en matière de violence psychologique, physique et sexuelle, Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes. Bruxelles, 2010. Téléchargeable sur le site www.igvm-iefh.belgium.be.

Roelens K, Verstraelen H, Van Egmond K, Temmerman M. Disclosure and health-seeking behaviour following intimate partner violence before and during pregnancy in Flanders, Belgium: a survey study, Eur J Obstet Gynaecol Reprod Bio. 2008; 137(1) :37-42.

Jeanjot I, Barlow P, Rozenberg S. Domestic violence during pregnancy: survey of patients and healthproviders, Journal of Women’s Health. 2008 May; 17(4) :557-67.

https://www.nice.org.uk/.